Semaine 26 : se sevrer des réseaux sociaux

Depuis quelques semaines, j'ai développé une fascination assez malsaine pour une youtubeuse beauté/lifestyle.
C'est une personne que j'ai côtoyé au quotidien dans le passé. Enfin, ce n'était pas vraiment elle, mais plutôt la version imparfaite d'elle qui existait il y a 6/7 ans.
Aujourd'hui elle fait partie des 10 plus belles youtubeuses selon internet. Elle est devenue vegane, se lève tous les matins à 5h pour aller courir, a un corps parfait qu'elle épile presque entièrement (oui oui même les bras), double le volume de sa chevelure avec des extensions, se blanchit les dents et se cache derrière une épaisse couche de maquillage.
Ce personnage est idolâtré par plus de 500 000 jeunes filles qui la trouvent formidable et elle donne même l'impression de prôner l'acception de son corps et de ses imperfections (tout en faisant en sorte qu'elle n'en ait pas).

 Tout comme je me retrouve à enchaîner les épisodes de la famille Kardashian lorsque je tombe dessus à la télé, je ne peux pas m'empêcher d'aller voir chaque jour sur facebook, instagram ou snapshat la vie de cette youtubeuse.
Et bizarrement depuis quelques semaines, je suis de plus en plus mal dans ma peau. Je trouve que mon ventre n'est pas assez plat, ma peau trop blanche, mon visage couvert de boutons et ne parlons même pas de tous ces poils que je laisse allègrement où ils sont... Ça a pourtant toujours été le cas et je ne m'en suis jamais vraiment plainte.

De même, en ce moment, aller au travail chaque jour devient de plus en plus difficile car les photos et vidéos de plages et paysages idylliques s'étalent sur les réseaux sociaux et j'assiste impuissante à un concours de vacances de rêve. C'est à celui qui est parti le plus loin, est le plus bronzé, le mieux accompagné, entouré du sable le plus blanc ou l'eau la plus bleue ou le temple le plus doré... Et j'ai beau ne plus supporter tout ça, je me retrouve sans cesse à cliquer sur des albums photos ou des liens vers des vidéos youtube ou des blogs.

Certains penseront qu'il s'agit de jalousie, mais je parle en fait de la difficulté d'être entourée de vies et personnalités mises en scène et données en spectacle afin de créer des idéaux étouffants et inatteignables !

C'est une longue introduction pour annoncer le challenge de la semaine qui est de ne pas aller sur les réseaux sociaux pendant une semaine complète. Ni facebook, ni instagram, ni snapchat, ni même youtube, qui n'est pourtant pas un réseau social, mais dont je fais le même usage : observer la vie des gens et la vivre par procuration.

Dimanche soir j'ai donc mis un petit mot sur ma page facebook avant de couper toutes les notifications et d'aller me coucher. Afin d'éviter d'aller voir mon fil d'actualité de manière automatique le matin au réveil, j'ai aussi mis un post-it sur l'écran de mon téléphone. S'en est suivi une semaine assez intéressante.

Ayant eu mon premier smartphone assez tard, j'ai toujours cru que je pouvais me passer facilement des réseaux sociaux. Mais cette semaine m'a fait réaliser qu'il s'agit d'une addiction ayant les mêmes caractéristiques que le tabac et étant aussi puissante : se connecter à facebook est un automatisme qui survient dès que je m'ennuie, que j'ai 5 minutes de libre, ou que je veux faire une pause au bureau. J'ai donc dû supprimer les raccourcis de la page d'accueil de mon téléphone pour éviter de me retrouver à scroller inconsciemment dans mon fil d'actualité.

Il a aussi fallu trouver des astuces pour échapper aux rituels que j'ai mis en place avec mon téléphone. Ayant un rapport complexe avec le sommeil, les réseaux sociaux m'aident dans les moments les plus difficiles de la journée : au réveil, ils me permettent d'émerger et de reprendre doucement contact avec la réalité, et le soir, ils repoussent le moment fatidique où il va falloir éteindre la lumière et essayer de dormir. Mais sans réseaux sociaux, mon téléphone ne me sert plus à grand chose. J'ai bien essayé d'explorer mes autres applications ou de télécharger quelques jeux mais je n'ai pas réussi à y trouver vraiment d'intérêt. J'ai préféré placer des magazines et livres aux endroits stratégiques : sur la table de chevet, aux toilettes et dans la salle de bain.

L'un des points qui m'inquiétait le plus durant ce sevrage des réseaux sociaux était la suppression de sources d'information bien utiles dans mon quotidien et ma vie professionnelle. Je me sers de facebook et instagram comme d'outils de veille me permettant de concentrer toutes les informations à un endroit sans avoir besoin de visiter des dizaines de sites chaque matin. Ce qu'il a fallu que je me remette à faire pour m'inspirer et me tenir au courant durant cette semaine, qui, en plus de cela, était remplie de brainstormings au boulot.

Ce que je n'avais pas anticipé par contre, c'est le sentiment de solitude et d'ennui que m'a provoqué ce sevrage. Grâce aux réseaux sociaux, il est aujourd'hui possible de passer la soirée seul devant la télé sans pour autant se sentir isolé. Je passe même généralement ces moments les yeux plus rivés sur mon téléphone que sur la télé. "Les réseaux sociaux flattent notre réputation et stimulent dans notre cerveau le système de la récompense" nous explique Maître Chat dans une super vidéo. Et sans ces réseaux sociaux, je me suis sentie désœuvrée et esseulée sur mon canapé, le seul soir où je m'y suis posée seule. Ne voulant pas revivre cela tout de suite, j'ai ensuite décidé de miser sur un autre type d'expériences sociales : sortir avec des amis.

Alors que j'écris ces lignes, je ne suis toujours pas allée sur les réseaux sociaux, et cela m'inquiète un peu d'y retourner. Je ne me vois pas continuer l'expérience éternellement, et d'un autre côté, je n'ai pas envie de replonger dans cette addiction maintenant que je l'ai repérée. J'espère que cette prise de conscience me permettra d'aller sur les réseaux sociaux de manière plus saine et restreinte, sans retomber dans les extrêmes...

    Se sevrer des réseaux sociaux :

     Projet effectué  : oui
     Temps du projet : 168 heures
     Satisfaction : 5/5

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